5. Martinique Des bananes de qualité pou 5. Martinique Des bananes de qualité pour la métropole
Depuis cinq ans, Louis-Bernard Dupros produit des bananes sur 10 ha.
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En 2012, Louis-Bernard Dupros a repris une bananeraie de 10 ha à l’abandon au Lorrain, au nord-est de la Martinique. Aujourd’hui, 8,5 ha sont en production et 6 ETP (équivalent temps plein) y travaillent. Son père était déjà dans la banane mais c’est par choix que Louis-Bernard a suivi des études agricoles sur son île, qu’il n’a jamais quittée. Sauf pour des vacances dans de grandes mégalopoles, comme New York, qui le fascinent. « Mais pas plus de deux semaines, dit-il. Je suis très attaché à la mer, aux arbres fruitiers, à la vie rurale et à notre identité culturelle par le créole. »
« Chaque année, cinq ou six jeunes s’installent en banane sur 25 installations en Martinique », précise cet adhérent de la coopérative Banamart. Forte de 400 planteurs en Martinique, celle-ci se mobilise pour assurer le renouvellement des générations. « J’ai bénéficié de dispositifs intéressants pour m’installer », témoigne Louis-Bernard. Ces dernières années, les tonnages de bananes se sont stabilisés. Chaque semaine, un bateau rempli de 4 000 à 5 000 t de fruits part vers l’Europe, soit 210 000 à 250 000 t par an. Les échanges commerciaux fonctionnent dans les deux sens : une fois déchargé, le bateau repart vers les Antilles avec, à son bord, des produits indispensables à la vie sur place.
Diminution de la SAU
Entre 2000 et 2010, la Martinique a perdu plus de la moitié de ses agriculteurs et un tiers de sa SAU. Seules les grandes exploitations (50 ha et plus) ont échappé à la fragmentation et sont transmises le plus souvent de génération en génération.
Le marché foncier est saturé, explique Louis-Bernard : « 20 000 ha sont en friche, notamment à cause de très gros problèmes d’indivision. Les exploitations sont impossibles à céder car beaucoup d’anciens ont fait de l’occupation sans titre. La spéculation est importante. Il faudrait une incitation fiscale pour encourager les propriétaires à la location. » Autre raison : la pollution des sols par le chlordécone (1). Selon la Safer, au moins un tiers de la SAU est concerné par ce problème à plus ou moins haute dose. Un nombre important de ces propriétés sont devenues des friches.
Enfin, le relief accidenté de l’île, les aléas climatiques (cyclones, inondations, sécheresses…), le prix élevé des intrants et des matières premières, ainsi que la concurrence des produits importés ont contribué à décourager bon nombre d’agriculteurs. Pas Louis-Bernard, qui s’épanouit dans la banane, « une filière technique et exigeante ». Au sein du syndicat Jeunes Agriculteurs, le jeune homme milite pour que vivent « toutes les agricultures, qu’elles soient tournées vers le marché local ou la métropole ».
(1) Pesticide utilisé contre le charançon du bananier jusqu’en 1993 dans les Antilles françaises.
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